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Penser le vide, panser le vide.

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On ne m’avait pas prévenue.
On s’est concentrés sur ma perte de capacité respiratoire, qui était, c’est indiscutable, prioritaire.
On ne m’a pas dit que retirer un organe comme un poumon entier allait modifier mon apparence.
On ne m’a pas informée que je serai complément enfoncée du côté droit de ma cage thoracique.
J’aurais préféré, pour me faire à l’idée, pour mieux l’accepter.

Comme si j’avais pris un coup de poing et que mon corps n’avait pas absorbé le choc, comme un plastique cabossé qui ne reprendra jamais sa forme initiale. La résilience est ailleurs.

Je dois apprendre à penser le vide laissé par cet impact dans ma poitrine. Cette empreinte invisible que ma cicatrice a refermé sans la reformer. Une crevasse dans laquelle se trouvait autrefois mon poumon crevé.

Il est mort.
Je suis vivante.
Mais je dois pour l’instant cohabiter avec son fantôme.

Panser le vide. Il ne sera plus jamais là. Adieu. Deuil.
Mon corps ne sera désormais plus son cercueil.

Le creux peut-il devenir plein ?
Le moins devenir le plus ?
L’absence devenir présence ?

Présence à cette silhouette asymétrique qui signe ma renaissance. Imparfaite et parfaite reconstruction à la fois. Un nouveau corps, un nouveau visage.

Et le temps qui fait patiemment son œuvre.