Bonjour ! Je m’appelle Camille Esayan et je suis directrice artistique depuis 2016. Je conçois des identités visuelles, des illustrations et des ateliers sur mesure, au service des acteurs de la santé.
J’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale. C’est pourquoi, après des études transversales en design graphique, en illustration et en design de produits, je me suis naturellement lancée en tant qu’indépendante, collaborant avec des associations et des petites et moyennes entreprises issues de secteurs variés. J’ai également co-fondé l’atelier de design graphique, d’illustration et de typographie emballage collectif, ainsi qu’un podcast autour du design graphique, Le radiographe, tous deux actifs jusque mi–2018.
L’année 2019 marque un tournant dans mon activité professionnelle. Pendant l’été, on me diagnostique une tumeur neuro-endocrine bronchique qui aboutit au retrait de l’intégralité de mon poumon droit un mois plus tard. Cette expérience me permettra finalement de trouver davantage de sens aux projets que je développe et de me positionner de manière plus engagée vis–à–vis de la clientèle à laquelle je m’adresse aujourd’hui : les acteurs de la santé.
Au travers de chaque projet que l’on me confie, qu’il s’agisse d’identités visuelles, d’illustrations ou d’ateliers, je pratique ce que j’ai baptisé le design co–main, qui convoque la participation de chacun de mes interlocuteurs dans le processus créatif, au travers d’une méthodologie et d’outils dédiés.
L’écriture de mon mémoire, Manipulation(s), ainsi que la réalisation de mon projet de fin d’études, (Dé)marques, en 2015, ont posé les fondations de ce design co–main, dont vous pouvez avoir un aperçu ci-dessous.
En parallèle de mes activités de direction artistique, je suis curatrice d’expositions, notamment avec le collectif Marques de Fabrique que j’ai initié, qui rassemble des patients ayant fait l’expérience de la maladie et dont cette dernière a (re)lancé la créativité.
Je suis également la fondatrice des ateliers créatifs Créer comme respirer, que je déploie notamment dans plusieurs établissements de soin et co-fondatrice et secrétaire de l’association Ma tumeur neuro-endocrine, qui sensibilise et donne la parole aux patients porteurs de tumeurs neuro-endocrines.
J’écris enfin sur mon blog différents articles autour des questions d’entrepreneuriat et de santé.
Manipulation(s)
Lire le mémoire complet
Pourquoi, en tant que designer graphique, me suis-je intéressée dans mon mémoire, à ce mot qui, dans l’imaginaire collectif, n’existe avant tout que par la connotation négative qu’on lui prête ? Tout simplement parce que le graphiste, du fait de son statut de créateur – et non pas uniquement consommateur – de signes (qu’ils soient typographiques, iconographiques, sonores, etc.) détient un véritable pouvoir de manipulation(s).
En effet, la manipulation désigne d’abord l’action de tenir, prendre dans ses mains, conduire et utiliser certains produits ou appareils afin d’effectuer une opération déterminée. Elle renvoie par extension à la branche de la prestidigitation reposant sur la seule habileté des mains, conférant au prestidigitateur une grande dextérité et la faculté de faire apparaître ou disparaître des objets en leur en substituant d’autres, afin d’induire en erreur le spectateur, le tromper, mais toujours et avant tout dans le but de le divertir, le surprendre. Ces formes d’illusions peuvent prendre un caractère péjoratif quand il est question de la falsification de quelque chose pour masquer ou déformer une réalité, la truquer, lui faisant subir des modifications plus ou moins admissibles.
En tant qu’il possède un savoir-faire spécifique auquel il a recours pour manipuler – au sens propre comme au sens figuré – le message qu’il a entre les mains, le graphiste peut être ainsi considéré à part entière comme un manipulateur. Doit–il pour autant s’autoriser toutes les manipulations et en conserver le monopole d’exploitation ?
En me questionnant sur les limites de celles–ci tout au long de ma réflexion, je me suis finalement positionnée en faveur d’un design graphique co–main, où le graphiste (dé)manipule le graphisme pour mieux le (re)manipuler, avec la complicité de ses destinataires.
(Dé)marques
Le projet
Dans la suite logique de cette démarche, (Dé)marques se veut être une (dé)manipulation pour une (re)manipulation des codes d’une culture de masse collective.
(Dé)marques prend ainsi la forme d’une exposition s’interrogeant sur la force narrative des marques dans notre société contemporaine, s’articulant autour d’une sélection de mascottes, de packagings et de produits phares issus de la grande distribution. Au–delà de la dimension documentaire d’une telle manifestation, (Dé)marques se veut aborder la problématique des manipulations inhérentes aux marques qui façonnent nos comportements et notre paysage de consommation, sous un angle ludique et didactique en les (dé)manipulant afin que le public puisse s’en saisir pour les (re)manipuler.
En offrant concrètement aux visiteurs la possibilité d’associer une mascotte, un packaging et un produit de leur choix – sans quoi ceux–ci ne se seraient probablement jamais rencontrés – et par la création de ce fait d’hybrides aussi insolites que vraisemblants, je participe, en tant que designer graphique, à rendre visibles les différents mécanismesde manipulations utilisés par les marques mais également à renouveler le récit autour de celles‑ci, en mettant à disposition un véritable espace de réappropriation et de création pour le grand public. Ce matériau visuel co–main se révèle être naturellement le fil conducteur de l’identité de l’exposition, qu’il s’agisse du site internet, des affiches, du ticket d’entrée ou encore de la programmation autour de l’événement.
(Dé)marques poursuit ainsi une volonté de démarcation, contribuant à (re)marquer, rendre (re)marquable.